Découverte d'un gouffre sur Castelnaud la Chapelle (24)

Mardi 11 novembre 2008 (Alban ROUSSEAU, Bernard MARTY, Nicolas ESCURAT, Marc DELLUC)

UNE PROSPECTION CIBLEE

Juste avant de descendre dans le gouffre du Canadier, nous sommes aller revoir les pertes répertoriées à proximité pour voir si elles avaient évoluées. En effet, elles pourraient rejoindre un réseau similaire dans lequel on ira tout à l'heure. On en a profité pour reprendre leurs coordonnées au GPS.

La première perte la plus en amont est impénétrable. Elle est située au fond d'un effondrement. Aucun filet d'eau ne coule aujourd"hui.

Au niveau de la deuxième perte, un petit ruisseau de surface s'engouffre dans l'orifice non pénétrable également. Les eaux semblent être absorbées à travers le sol. Le rocher doit être à au moins 3m et seul un léger soutirage est présent à quelques mètres de là. Même une désobstruction lourde serait hasardeuse.

La dernière perte répertoriée est quand a elle plus intéressante. C'est désormais une véritable doline perçée de plusieurs soutirages assez net. On ne s'y attarde pas trop car il pleut et on ne voudrait pas renter dans le gouffre tout mouillé. Il faudra quand même y retourner un matin où il fait froid pour voir si un de ses soutirages ventile.

Vendredi 14 novembre 2008 (Nicolas ESCURAT)

CA SOUFFLE !!!

Habitant pas trop loin ce ces phénomènes karstiques, je décide par ce matin plutôt frais de passer vérifier en coup de vent si les pertes ventilent juste avant d'embaucher.

La première perte aspire, c'est étonnant. C'est vrai qu'elle est située plus bas que la seconde. Mais ce qui est bizarre, c'est ça carractéristique. Elle semble comblée de cailloux. Après un diagnostic visuel, je soupçonne fortement qu'elle ait été comblée de pierres il y a longtemps car j'ai retrouvée dessous le sol naturel. Il serait intéressant plus tard de vider l'effondrement au niveau du charme situé sur le bord. C'est certainement ici, qu'il doit y avoir le "trou" de la perte.

A la deuxième perte, un petit ruisseau s'engouffre toujours à l'intérieur, et un courant d'air ressort du petit orifice... L'alignement entre la 1ère et la 2ème perte ainsi qu'un soutirage visible un peu plus loin sont peut être le signe d'un autre réseau. Mais c'est impénétrable pour l'instant.

Tout cela me motive pour vite rejoindre la doline. Arrivé sur place, je vois assez rapidement qu'un soutirage ventile. Je m'approche plus près et remarque une sorte de faille argileuse qui souffle. L'air est chaud. Je sort vite ma torche de la poche et m'empresse d'éclairer le fond de ce trou...

On apperçoit le rocher 4 m plus bas. Après avoir lançé quelques cailloux au fond du trou, j'en conclu que l'orifice doit attérir en sommet d'un éboulis ou d'une trémie car les cailloux ne descendent pas beaucoup. Le puit direct tant rêvé par tout spéléo sera pour la prochaine fois ;-)

Mais je repart optimiste quand à la désobstruction future de cet orifice. Cela ne devrait pas poser trop de problèmes. Je le sens bien ;-)

Samedi 15 novembre 2008 (Bernard MARTY, Nicolas ESCURAT, Marc DELLUC)

UNE DESOB FACILE (ça change pour une fois...)

Une partie de l'équipe est réunie. Alban n'a pas pu venir pour cause de vilains microbes. Damien est quand à lui retourner sur toulouse.

Arrivés sur les lieux, on a pas flémardé. Après avoir bien observé l'orifice à la lampe troche, on a attaqué aussitôt l'agrandissement de la faille argileuse à coupe de pelle et de pioches. Les premières goutelettes de sueurs ne se sont pas fait attendre !

En surface, la largeur de la faille était d'environ 20cm. Plus bas, on avait l'impression que l'espace était un peu plus grand. Au bout d'une petite heure, le passage était pénétrable (d'après un speleo je précise).

On s'est donc empressé de fixer une corde à un arbre pour pouvoir descendre. C'est moi qui me suis jeté le premier dans le trou pour voir la suite. Arrivé en bas du petit puit de 4m, j'interpelle mes 2 collègues. "C'est mal barré, c'est un amat de blocs ! Mais il y a du vide derrière..."

Heureusement, il y avait suffisamment d'espace au bas du puits, pour dégager un passage entre 2 gros blocs. Mais une massette aller m'être plutôt utile pour fragmenter certains d'entre eux. L'outil aussitôt récupéré par colissimo cordé, j'attaque la désob. Au bout d'un quart d'heure, je réussi à passer derrière. Mais on m'offre pas tellement le choix pour la suite... C'est une étroiture sinon rien ! Je prend quand même.

Seulement, un bonus m'est offert (je l'avais pas demandé celui là). Une seconde étroiture remplie de petits blocs. Heureusement, après m'être allongé dans ce passage, j'apperçoit un passage un peu plus loin sur la droite. Je me dépêche de pousser quelques petits blocs avec mes pieds pour agrandir le passage mais aussi pour voir si il n'y a pas un puit juste après. Il faut rester prudent tout de même car je ne suis plus attaché à la corde. Une petite concorsion, et ça passe. On agrandira pour les collègues si la suite est intéressante.

Le passage sur le dos avec le casque m'empêche de voir la suite pour l'instant. Après un léger redressement dans une sorte de cloche, j'éclaire la suite.

DU VOLUME SOUS LA DOLINE

Je constate alors avec joie, qu'il y a du volume juste après. On dirait que l'on ressort de cette tremie. Après vérification, on semble être à l'aplomb de la doline. Cette salle offre une suite mais il va falloir descendre un petit ressaut de 3m pour explorer la suite. J'appelle donc mes collègues pour leur dire de descendre. "Y a du volume les gas ! Vous pouvre descendre !". Mais pas de réponse, ça discute sévère en haut. Je remonte donc à travers les passages pour les appeller de plus prêt. J'en profite aussi pour désengorger les passages.

L'EXPLORATION COMMENCE !

Enfin tous réunis, on attaque l'exploration de cette cavitée. On est tous les 3 contents de s'offrir une première. Elle se font plutôt attendre ces temps ci.

On attaque donc par la descente de ce ressaut qui nous amène en bas de cette première salle assez grande. Plus loin, il faut descendre sur quelques blocs pour accéder au début d'une diaclase qui on l'espère sera longue...

A peine quelques pas de plus, et on rencontre une intersection. Une autre diaclase semble déboucher aussi dans cette galerie. Mais on continu à descendre en suivant les traces d'écoulements des eaux. Notre objectif premier serait de trouver un passage qui pourrait nous amener plus bas que le gouffre du Canadier situé à proximité immédiate.

A première vue, on serait entrer dans un réseau qui se serait servi d'une faille techtonique comme accès aux profondeurs.

La suite de l'exploration nous conduit dans les entrailles de cette diaclase. Seulement, la pente qui nous est offerte est peu prononcée. On continu toujours à suivre le cheminement offert par la diaclase encore assez haute. Malheureusement, le passage se réduit en hauteur au fur et à mesure de notre progression. On arrive alors après un passage un peu chaotique, à une séparation de la diaclase de façon verticale.

Il faut choisir, par le haut ou par la bas? On se sépare mais de façon logique, c'est le passage le plus bas qui est le plus favorable. La partie haute de la diaclase se pince et anéantie toute progression à l'échelle humaine.

Par le bas, Bernard et Marc vont un peu plus loin que moi mais ils butent sur une étroiture dans la diaclase. C'est la seule possibilité de poursuite. Il va donc falloir sévir! A coup de massettes, le passage devient plus engageant.

Par précaution, l'un d'entre nous y passe les pieds d'abord car on est pas certain que l'on puisse faire demi tour plus loin. C'est surtout le mini ressaut confortablement installé dans un petit virage chiant qui nous emmerde fait réfléchir.

Enfin, la reptation est de courte durée. La diaclase s'agrandi un peu pour offrir un passage sur les fesses. Un virage à droite anonce un agrandissement de la diaclase. Ici, la galerie semble se séparer en 2.

Le passage de gauche d'où semble aller la suite de la diaclase est obstrué par un remplissage sableux et argileux. L'espace n'est plus que de 5cm. Après un décaissage sommaire de ce passage terminal, on remarque que cela continu toujours pareil hélas...

Sur la droite, ce n'est pas franchement mieux. On est face à une diaclase haute de 4m environ qui est colmatée d'argile. Il devait certainement y avoir un volume à cet endroit mais tout est rempli. Seul un laminoir argileux, permet de se rapprocher d'une sorte de trou ou s'engouffre également les eaux. Mais les traces de mises en charge de la galerie sur les parois nous indiquent que l'eau a quand même du mal à s'évacuer normalement.

On retourne donc dans la diaclase rencontrée au début de notre exploration. Cette autre diaclase est une partie amont de ce réseau. On remarque que de l'eau y arrive. C'est donc très certainement, vers une autre perte de surface que l'on doit se diriger. On a la réponse assez rapidement.

En effet, on a devant nos yeux 2 grandes cheminées remontantes dont une qui doit arrivée très proche de la surface vu sa hauteur. On se résout donc à clôturer notre exploration plus tôt que l'on aurait souhaité. Mais on est tout de même content de notre trouvaille.

Cela sera aussi intéressant de topographier ce nouveau réseau prochainement. Une coloration d'une de ces pertes sera aussi faite très prochainement pour comprendre leur fonctionnement.